Le prince Jean s’est rendu en Asie centrale du 13 au 21 juillet
Deux circonstances lui ont fait choisir le Tadjikistan. Situé immédiatement au nord de l’Afghanistan, ce pays en est une voie d’accès privilégiée, devenue la base logistique de nos forces militaires engagées dans cette zone. C’est à elles que le prince Jean entendait d’abord manifester sa solidarité. Au-delà, il souhaitait mesurer comment la voix de la France est perçue dans une région où les cultures n’ont cessé de s’entrechoquer.
D’autre part, au cœur de l’Asie centrale, le Tadjikistan résume à lui seul l’essentiel des problèmes politiques et économiques que connaît cette région vingt ans après la chute du communisme.
Enfin, le Pamir tadjik, partie orientale du pays, frontalière de la Chine, est le berceau des Ismaéliens : s’y rendre offrait au prince Jean l’occasion d’exprimer les sentiments de sympathie et de profonde estime qu’il éprouve à l’égard de l’Aga Khan. Car c’est là que ce prince, imâm (chef spirituel) des Ismaéliens, a sa terre d’origine et il y est particulièrement actif à travers son réseau de développement, l’AKDN.
Une circonstance allait cependant peser douloureusement sur le programme envisagé : la mort de cinq soldats français dans un attentat-suicide, au lendemain d’une visite éclair du président Sarkozy. Le prince Jean – qui a pu, dans le Pamir, passer en Afghanistan dans la région qui fut le fief du commandant Massoud – va découvrir, dans le monde tadjik, un Etat jeune et en mouvement, qui s’extrait courageusement de la gangue soviétique et de cinq longues années de guerre civile.
Accompagné du général (2s) Pierre Gindre, le prince a rencontré des Français – diplomates, militaires ou civils engagés dans des ONG –, des responsables politiques et économiques tadjiks, ainsi que les représentants du réseau de développement de l’Aga Khan. Il a eu aussi, bien sûr, divers contacts avec la population.
Il a pu, au fil de son séjour, mesurer le sens que peut prendre l’influence de la France en Asie centrale. Depuis longtemps présente culturellement, notamment dans la recherche archéologique, l’action sociale de la France y reste servie par son image traditionnelle, marquée par l’esprit de générosité et d’ouverture. Encore faut-il que la politique qu’elle y mène, en cette époque de troubles et d’incertitudes, réponde à ses véritables ambitions, dans un esprit d’indépendance, et par des choix appropriés.
(Dans les pages Galeries, l’ensemble des photos avec leurs légendes)
Parti de Paris le 13 juillet et revenu le 21, le prince Jean a organisé son séjour en trois étapes :
- Douchanbé, capitale du Tadjikistan : comme Erevan, la capitale arménienne, c’est l’une des villes soviétiques conçues par les architectes de Staline (grandes avenues arborées, bâtiments imposants, opéra, monuments…) Le prince Jean y a rencontré des Français présents à titre diplomatique, militaire ou civil, des responsables tadjiks et des représentants de la communauté internationale.
- Le Pamir, et sa capitale, Khorog : une région autonome, bien spécifique, avec des problèmes liés à l’eau (irrigation agricole, énergie hydroélectrique), une université en plein développement (l’Université d’Asie centrale), et des projets transfrontaliers avec l’Afghanistan.
- Le Pandj, au sud du pays, où le prince Jean a pu voir une coopérative agricole et d’autres activités soutenues par la France (ressources en eau, action sanitaire).
1. Douchanbé, la capitale tadjik
Le 14 juillet, le prince Jean était invité par l’ambassadeur, M. Henry Zipper de Fabiani, à la réception donnée pour la fête nationale, en présence du ministre tadjik des affaires étrangères. Son premier contact a été pour les responsables militaires français. Il a pu s’entretenir avec eux de la situation de nos forces dans le difficile contexte actuel, et des perspectives d’avenir. Il a également rencontré les membres du corps diplomatique avec qui il a évoqué l’état du Tadjikistan et l’équilibre géopolitique régional.
Le lendemain, il a visité le musée archéologique, et admiré notamment un Bouddha couché de 12 mètres de long, restauré par les soins de l’ONG française Acted. il s’est rendu sur le site du barrage géant de Nourek, construit par les Soviétiques dans les années 60, et actuellement en cours de réhabilitation grâce à la coopération de la société française Alstom.
Revenu à la Résidence, le prince a pu aussi avoir divers échanges avec des représentants de la communauté française, notamment une réalisatrice de documentaires franco-tadjik qui lui a montré son film, diffusé par Arte, sur les questions frontalières entre Ouzbékistan et Tadjikistan. Le lendemain, dîner à la Résidence avec des personnalités littéraires tadjiks, un diplomate allemand et son épouse, romancière connue en Allemagne. Après l’ambassadeur, le prince Jean prit la parole, en anglais : il avait trouvé là l’occasion d’expliquer, notamment aux Tadjiks présents, l’esprit dans lequel il abordait ce voyage.
Il a pu assister à la messe à la mission catholique de Douchanbé, tenue par des religieuses indiennes de la congrégation de Mère Teresa.
Puis il est allé visiter un centre d’accueil pour les enfants de la rue, notamment des filles, soutenu par l’ambassade de France.
Enfin il est allé visiter, sous la conduite de M. Munir Merali, représentant résident de l’AKDN à Douchanbé, le Centre ismaélien, dont l’impressionnante architecture moderne fait sa place à la tradition locale.
2. Khorog et le Pamir
De Douchanbé, le prince Jean s’est rendu à Khorog, capitale du Pamir tadjik, sur les rives de la rivière Pyndj au pied de sommets qui culminent à 7000 mètres. Le prince y a découvert une ville vivante et attachante, et une population de montagnards travailleurs et d��cidés à progresser.
Il s’est particulièrement intéressé aux questions liées à l’eau : l’irrigation et les conditions locales du développement agricole, et la mise en œuvre des ressources hydro-électriques. Il a pu voir les projets de développement rural en cours, qui prennent des formes multiples, du soutien direct à l’agriculture à la fertilisation d’anciennes décharges ou à l’encouragement au tourisme, toujours avec le souci de respecter l’environnement.
Le Pyandj, affluent de l’Amou Daria matérialisait les limites sud de l’empire des Tsars puis des Soviets face à l’Afghanistan, il reste actuellement une frontière sensible. Véritable fleuve, il bénéficie d’un important projet de stabilisation de ses rives mené en concertation avec les Afghans. En amont, une usine hydroélectrique a été remise en état. Le prince s’en est fait expliquer les enjeux. Depuis 2002, près du village de Tem, le pont suspendu, réhabilité par l’AKDN, permet de traverser la rivière. Le prince Jean a franchi cet ouvrage si fortement symbolique.
En Afghanistan, il a pu s’entretenir avec des militaires de l’Armée nationale afghane, chargés en particulier de contrer le trafic de stupéfiants vers le Tadjikistan.
Une fois de plus, comme cela s’est si souvent produit au cours des siècles, le destin de la France lui fait tisser des liens avec des populations pourtant très éloignées géographiquement et culturellement.
De là, le prince va faire une plongée dans l’avenir en se rendant sur le site du campus de l’Université d’Asie centrale, un projet universitaire ambitieux, soutenu par l’AKDN, qui va profondément marquer la région.
3. Le Pyandj
Revenu à Douchanbé, le prince Jean s’est alors rendu dans le Pyandj, une région du sud du Tadjikistan qui tient son nom de cette rivière qui marque la frontière afghane. Accompagné de l’ambassadeur de France, il y a rencontré les responsables d’Acted – Agence de coopération technique et de développement – une ONG française d’aide aux populations touchées par les guerres, les catastrophes naturelles ou les crises.
Elle a permis, sur les « ruines » des anciens kolkhozes soviétiques, la création de coopératives agricoles plus efficaces, avec une laiterie aux installations modernes, et un centre de production de graines de céréales et de pommes de terre. Après un déjeuner typiquement tadjik, le prince a enfin visité un centre de captage d’eau potable, et un dispensaire également installés et gérés par Acted.